Pôle Sup Paris-Boulogne, l'EPCC vire au cauchemar
L'équilibre du pôle supérieur Paris-Boulogne est menacé par le passage en EPCC, les collectivités et l'Etat se refusant à assumer le surcoût engendré. Où comment des partenaires se tiennent par la barbichette au détriment des étudiants.

Mais que se passe-t-il au pôle supérieur Paris-Boulogne Billancourt? Après les diffiucultés rencontrées avant l'été par le Pôle Sup 93, la volonté initiale à l'origine de la création des pôles supérieurs dans le domaine du spectacle vivant semble faire long feu.

Dix ans après sa création, le PSPBB en crise d'ado ?

Le PSPBB fait figure d'exception à plusieurs titres parmi les pôles d'enseignement supérieur créés au cours de ces dix dernières années, et notamment parce qu'il a conservé longtemps son statut associatif, et non d'établissement public de coopération culturelle (EPCC). In fine, le Pôle s'est rangé aux demandes insistantes des partenaires et notamment de l'État, d'adopter un statut plus conforme à son objet. Mais les conéquences avaient elles été évaluées? 

Car effectivement, tant que le PSPBB était une association dirigée par le directeur du CRR de Paris, sans contrepartie financière, et les locaux administratifs également financés par le CRR, une partie des coûts était prise en charge par la Ville de Paris sans que cela soit complètement visible. Une situation qui arrangeait tout le monde du point de vue budgétaire.

Le passage en EPCC s'est traduit par une série de coûts suppémentaires : en salaires (notamment pour un directeur et un comptable) et en loyers. Sans compter des remises à plat de statuts d'enseignants auxquels les règles de cumul en matière d'emploi dans la fonction publique ont été subitement appliquées... La crise qui couvait depuis juin éclate au grand jour à la faveur du vote du budget 2019 par le conseil d'administration du pôle.

Des financeurs qui s'observent, des enseignants qui s'inquiètent, des étudiants qui pleurent

Pour les trois financeurs, État, Grand Paris Seine Ouest (GPSO) et Paris, l'affaire est entendue : l'effort doit venir des deux autres. Aucun ne veut s'avancer sans que les autres n'aient d'abord dévoilé son jeu : cela peut durer longtemps ! Et pourtant, tous étaient d'accord pour changer de statut et connaissaient les conséquences financières de cette évolution. 

La DRAC Ile de France, que nous avions déjà montrée du doigt pour son manque de volonté dans la mise en place des enseignements préparatoires à l'enseignement supérieur, est à nouveau à la manoeuvre : pour ce service déconcentré de l'État, l'investissement dans la jeunesse et l'orientation professionnelle ne semble pas (plus?) une priorité. Nous ne pouvons que le constater et le déplorer. 

Si le statu quo devait être entériné, cela signifierait simplement la réduction ou l'absence de recrutements d'étudiants en musique pour la rentrée 2019, soit 40 à 50 places de moins dans l'enseignement supérieur de la musique. Consternant ! Cela constituerait également un signal particulièrement négatif aux autres EPCC à vocation d'enseignement.

D'autant que le montant qui resterait à couvrir serait ridicule au regard des budgets de ces collectivités et de l'État : 300 à 400 000 euros, soit 100 à 130 000 euros par partenaire. 

Nous en appelons à la responsabilité de chacun des partenaires pour qu'une solution puisse être trouvée dans l'intérêt des étudiants. Ces derniers se mobilisent même si certains sont en dernière année d'étude. N'hésitez pas à signer la pétition pour leur apporter votre soutien.

FUSE, qui représente également les étudiants, restera mobilisée à leurs côtés jusqu'à ce qu'enfin, chacun des financeurs prenne ses responsabilités et cesse ce jeu de poker menteur.

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Mis à jour le 17/12/2018