Le vendredi 29 juin 2018, avaient lieu à Paris les toutes premières "Rencontres nationales culture et ruralités", organisées conjointement par le Ministère de la culture et le Commissariat général à l'égalité des territoires. FUSE y était et vous livre les notions clés de cette journée. 

Politiques culturelles en milieu rural : des spécificités à prendre en comtpe

Trois points d'attention, qui conditionnent les politiques culturelles en milieu rural, et donnent leurs spécificités aux projets portés, se sont rapidement dégagés des débats : 

• la mobilité / l'itinérance : le temps de déplacement peut-être long, les structures culturelles éloignées, le public est dit "empêché" ; 
• la temporalité : le temps culturel, propore à chaque territoire, doit être pris en compte, qu'il s'agisse par exemple, de tourisme estival, de festivals hors et en saison, de lieux de diffusion inhabituels, non affectés toute l'année à la culture etc. ;
• la permanence ou non des acteurs de terrain : qu'il s'agisse d'habitants à l'année ou au contraire, de vacanciers, d'artistes et artisans d'arts en résidence ou vivant et créant à la campagne, cette permanence ou non des acteurs d'un territoire a forcément un impact sur les projets.  

La culture pour changer les représentations sur la ruralité

Dans un contexte de métropolisation, de centralisation, les projets culturels peuvent changer les regards portés sur le monde rural. Il s'agit en effet d'aider les territoires porteurs d'un récit sur eux-mêmes à se raconter autrement grâce à la culture, afin de renforcer l'attractivité du territoire (tourisme, emploi) et de le valoriser aux yeux des habitants, qu'ils participent aux animations ou soient simplement fiers de les accueillir.

Les politiques culturelles en milieu rural s'appuient très souvent sur le patrimone local, qu'il soit matériel ou immatériel, le mettant alors en valeur aux yeux notamment des populations non résidentes. Les projets culturels sont également très souvent créateurs de lien social, servant de catalyseur à un lien souvent distendu par la raréfaction des lieux de rencontre ou de socialisation. De ce fait, ils peuvent générer un regain d'activité et donner un nouveau souffle à des centres-villes souvent délaissés tant par les habitants que les activités, au profit des quartiers périphériques.

Le financement, principale difficulté rencontrée 

En dépit de l'intérêt avéré de mettre en oeuvre de spolitiques culturelles dynamiques en milieu rural, les intervenants des quatre tables rondes ont identifié plusieurs difficultés rencontrées par les acteurs culturels, élus locaux (certains manquant de formation) comme porteurs de projets, souvent issus du monde associatif. 

Evidemment, le premier point d'achoppement porte sur le financement des projets : les sources de financements sont multiples (pour différents publics, de ministères différents) et nécessitent d'être croisées.  Au-delà des sources de financement, les dossiers de subventions eux-mêmes apparaissent pour beaucoup comme longs et complexes à remplir, presque inextricables : comment les alléger ? Les mutualiser ? Enfin, dans un contexte budgétaire contrinat, les intervenants ont mis en avant la necessité d'identifier des territoires prioritaires et de mieux répartir les subventions. 

Le développement des intercommunalités, qui semblent une échelle pertinente mêlant rural et urbain, offre une opportunité certaine pour mieux irriguer culturellement les territoires ruraux : mais alors comment faire en sorte pour les intercommunlaités les plus vastes se saisissent de la compétence culturelle là où trop souvent, celle-ci reste l'apanage de la ville centre, au détriment des zones "périphériques" ? 

Les activités agricoles et agroalimentaires étant majoritairement présentes en zones rurales, l'agriculture et la culture y sont plus étroitement liées qu'ailleurs : les traditions culinaires sont partie intégrante de la culture, les pratiques agricoles et forestières façonnent les paysages, le patrimoine bâti a souvent une histoire agricole etc. Il convient donc de ne pas négliger les financements qui pourraient provenir d'organismes liés à l'agriculture, qui interviennent donc de fait dans le champ culturel. A ce titre, le Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural), outil de la politique agricole commune, peut être mobilisé pour financer des projets culturels, au titre notamment de l'objectif européen d'"inclusion sociale, réduction de la pauvreté et développement économique des zones rurales". Il n'en reste pas moins que cette source de cofinancement (en complément de financements nationaux) reste difficile à mobiliser.

Enfin, d'un point de vue matériel, les intervenants ont pointé l'inégalité d'accés à internet, créant ainsi des zones dites blanches préjudiciables à l'activité économique ou sociale et à l'attractivité. En revanche, les problèmes de mobilité peuvent trouver des réponses : par exemple, passer contrat avec la SNCF et des sociétés de transport afin de faciliter l'accès aux infrastructures culturelles à moindre frais.

Des échanges riches qui nous amènent à espérer que ces rencontres nationales se tiendront régulièrement à l'avenir.

Zoom sur quelques initiatives culturelles partagées par les intervenants

• la plateforme participative "Territoires culturels", annoncée lors de ce séminaire, qui dressera un panorama de projets culturels en territoires ruraux. Base à enrichir et découvrir pour s'inspirer...
• le Glossaire des dispositifs culturels visant à développer l'éducation artistique et culturelle : définitions et modalités de mise en oeuvre.
• le bilan de cette journée édité par le Ministère de la culture.